Notre-Dame de Paris

Note: ce texte a été rédigé “à chaud” lorsque les premières images de l’incendie apparaissent sur les écrans

Nous sommes le 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris est en flamme.

Grâce au « progrès technologique », le monde entier assiste incrédule, impuissant, et en direct, à la disparation d’un monument qui aura illuminé la planète pendant 850 ans.

Le « progrès » ne permettra pas de préserver cet héritage…

Les badauds, les yeux rivés sur leurs Smartphones, sont occupés à comprendre l’importance de cet événement au prisme de l’écho qu’il suscite dans la sphère médiatique.

Les portes paroles de ces médias, incapables pour la plupart d’en formuler les profondes conséquences, livrent à qui veut l’entendre le flot de leurs émotions.

Pour donner espoir au peuple français, le plus ému d’entre eux, Emmanuel Macron, déclare solennellement: « Nous allons la reconstruire cette (foutue) cathédrale »

La nuit tombe, et Notre-Dame de Paris illumine le ciel parisien par sa fatale combustion.

Parmi les innombrables et inestimables vestiges qui se consument, arcanes illustres reliant l’humanité à son histoire, ce n’est pas moins que la couronne du Christ qui, placée dans le coq ornant le sommet la cathédrale, disparaît dans l’effondrement de la majestueuse flèche.

La disparition de la « Forêt », cette charpente unique au monde, c’est aussi la disparation de 1300 poutres issues de 1300 chênes majestueux prélevés au 13e siècle dans la forêt primaire du bassin parisien. Inutile de préciser que la forêt primaire et les écosystèmes uniques qu'elle abrite  ont disparus en occident, et qu’une telle charpente ne saurait être imitée.

Par son incomparable perfection, cet édifice aura offert au monde entier un témoignage de ce que la planète nous a offert dans sa plus grande générosité, mais aussi de ce que l’humanité a de plus grand : la capacité à se rassembler, à mobiliser des moyens, et à se sacrifier pour édifier un symbole de paix et d’art dans ce qu’il a de plus majestueux, afin d’illuminer les futurs millénaires.

Mais en cette tragique soirée, Notre Dame de Paris illumine le ciel…

Tel un phare dans la nuit, elle nous montre notre incapacité à édifier un monde résilient ou chacun trouverait sa place, un monde qu’une génération x aurait de la fierté à transmettre à la génération y.

La cathédrale nous éclaire aussi par le biais de l’initiative relayée  par le chef de l’Etat consistant à lancer une « collecte » pour reconstruire l’édifice, alors que les plus riches dignitaires de notre pays pourraient en financer la reconstruction par le simple produit annuel de la rémunération de leur capital.

Comment tant de générations, aujourd’hui considérées comme sombres et arriérées, ont-elles pu bâtir un tel ouvrage et conserver de tels vestiges, et comment notre génération aura-t-elle permit leur désagrégation ?

Si le moyen-âge nous a légué des terres fertiles et des monuments sans commune mesure avec les carrés en béton que nous avons appris à répliquer à l’infini, aurons nous l’ambition de relever les défis qui s’imposent à nous, pour léguer autre chose qu’une planète fracturée par les inégalités, et soumise à une pollution qui conduit irrémédiablement à l’extinction du vivant sous toute ses formes ?

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